Introduction : L’arbre d’or
Arbre rustique qui accepte les sols pauvres, la chaleur, le manque d’eau, le froid, il a été le compagnon des migrations de nos ancêtres.
Les Perses, les Grecs puis les Romains et après eux les Arabes l’ont transporté du Moyen-Orient aux contreforts de l’Atlas Marocain; de l’Anatolie turque aux îles Grecques; de l’aride Andalousie aux îles volcaniques Italiennes.
Les arbres, sélectionnés par les hommes se sont adaptés aux différents terroirs et ont offerts des fruits originaux, reflets des typicités et des singularités du sol et du climat.
Des Ohadi et Akbari Iraniennes, des Kirmizi et Halebi turques, de l’Egine Grecque à la Napoletana Sicilienne, autant de variétés que de terroirs.
Une invitation au voyage…
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Le berceau du pistachier, l’Asie centrale et la Perse :
De nos jours, on trouve encore des pistachiers à l’état sauvage dans une région enjambant la frontière de plusieurs pays d’Asie centrale : le Nord de l’Iran, le Nord de l’Afghanistan, le Sud du Turkménistan, l’Est de l’Ouzbékistan, du l’Est Tadjikistan et jusqu’au Kirghizistan.
On en déduit que l’ancêtre de nos pistachiers est originaire d’Asie centrale, où il constituait un élément remarquable de la zone de « forêts steppiques » semi-arides locales.
Cultivé depuis 3000 ans, il a été introduit dans le bassin méditerranéen dès l’Antiquité. Le pistachier fut largement cultivé dans l’ancien empire Perse, à partir duquel il s’étendit progressivement vers l’ouest.
Au 2ème siècle, le Grec Athénée, qui a vécu la plus grande part de sa vie à Alexandrie, écrit dans son ouvrage « Les dipnosophistes » que « les pistaches offertes à la table des sages sont produites en Syrie et en Arabie, et qu’elles sont extrêmement agréable au goût ».
Le mot « Pistakia » vient d’ailleurs de l’ancien perse « pista » qui veut dire pistache ou pistachier. C’est ce mot pista qui est la racine que l’on retrouve dans presque toutes les langues : pistache, pistachio (anglais), pistashka (russe), fustuk (arabe).
Le saviez-vous ? ou pour aller plus loin :“ Drupes magiques qui s’ouvrent la nuit et crépitent sous leurs robes rouges.”
Il est très rare, dans tout l’Orient arabe, de prononcer le mot « fustuk » sans lui accoler l’adjectif « halabî » qui veut dire : originaire d’Alep, indiquant ainsi son excellence, comme une appellation contrôlée d’un grand vin. Les vrais connaisseurs vont plus loin dans la précision, distinguant ainsi les pistaches « âchour », les plus fines ; « bâtourî », les plus précoces ; « jahhâchî » ( bourricot ), les coques très dures ; « nâb-al-jamal » ( dents du dromadaire ), les formes allongées et pointues ; « lisân al-’usfour » ( langues d’oiseau ), les toutes petites mais délicieuses.
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La diffusion de l’arbre : les Grecs, les Romains et les Arabes
Le premier à décrire le pistachier en Grec est Theophraste d’Eressos (371-287 AV.JC.). Dans son ouvrage « Histoire des plantes », il le décrit ainsi :
« On dit aussi qu’il croît un térébinthe aux indes, qui est un arbre ressemblant à notre térébinthe aux feuilles, aux branches, et en tout autre chose, à part le fruit qui est semblable aux amandes. Car ce térébinthe croît aussi dans la région des bactriens, et porte des fruits de la grosseur des amandes, de pareille figure, mais de meilleur goût, et pour cette cause, les habitants de ce pays-là en mangent plus volontiers que des amandes ».
Vers la même époque, un médecin et botaniste grec, Dioscorides, notait que les pistaches étaient délicates pour l’estomac et le foie, ce qu’un autre médecin grec, Galien, viendra confirmer un siècle plus tard.
C’est en Syrie « romaine », au 1er siècle après J-C sous le règne de l’empereur Tibère, que les Romains découvrent le pistachier et développent sa culture dans les autres régions méditerranéennes qu’ils dominent, notamment dans la partie orientale. Toujours au 1er siècle, Pline mentionne l’existence de pistachiers en Syrie et indique qu’ils furent importées pour la première fois en Italie par Vitellius et en Hispanie par le chevalier romain Flaccus Pompéius. Les Romains consommaient les pistaches crues, grillées ou incorporées dans des plats sucrés ou salés. La pistache était considérée comme un aliment de luxe, réservé aux classes aisées et aux banquets.
Autour de 900 après JC, les Arabes conquièrent la Sicile au détriment de l’empire de Byzance et y introduisent la culture de la pistache.
Le sol volcanique et les conditions climatiques offrant des conditions idéales pour son développement, la culture du pistachier se repend sur les pentes de l’Etna.